La liberté d’expression à l’épreuve du harcèlement juridique

La liberté d’expression à l’épreuve du harcèlement juridique

La liberté d’expression à l’épreuve du harcèlement juridique

Pierre angulaire de notre démocratie, la liberté d’expression et son corollaire, la liberté de critiquer, sont sérieusement remises en cause au nom d’une vision falsifiée de la lutte contre le racisme, qui assimile la critique de l’islam à une forme de racisme, en la qualifiant d’ « islamophobie ». Ce positionnement idéologique, qui relève de l’escroquerie sémantique, concourt à imposer l’idée que la liberté d’expression serait subordonnée aux diktats des religions en général et de l’islam en particulier.

À plusieurs reprises ces dernières années, les démocraties ont rappelé que la liberté d’expression était un droit inaliénable. Pourtant, aujourd’hui nombre de penseurs, d’intellectuels, d’écrivains, de journalistes et de militant.e.s féministes et laïques font l’objet de graves persécutions, voire de menaces de mort en raison de leur détermination à user de ce droit. Cette tendance prend une orientation dramatique s’agissant du monde dit musulman où la séparation des pouvoirs politiques, religieux et judiciaires est un enjeu fondamental qui oppose, à l’heure actuelle, des démocrates aux islamistes et aux régimes autoritaires ou dictatoriaux.

C’est le 14 février 1989, avec la publication du roman de Salman Rushdie Les Versets sataniques, que l’opposition frontale à la liberté d’expression prend une tournure des plus terrifiantes en se transposant sur la scène européenne. L’ayatollah Khomeiny appelle tous les musulmans à tuer le romancier anglo-indien accusé de blasphème. Désormais, la stratégie des islamistes consiste à éliminer par tous les moyens leurs opposants. C’est dans ce contexte qu’il faut situer la condamnation à mort de Taslima Nasreen (1993), l’assassinat de Theo van Gogh (2004), les tentatives visant le caricaturiste danois Kurt Westergaard (2005), ainsi que la tuerie à Charlie Hebdo le 7 janvier 2015.

La légitimité de la mise à mort des esprits libres est clairement revendiquée par l’islam politique. Leur élimination est programmée et se joue sur plusieurs niveaux. Le terrain juridique en est un et il n’est pas des moindres. Des poursuites judiciaires sont désormais intentées contre des militants laïques et féministes sous de faux prétextes. Cette nouvelle stratégie qui s’apparente à une « guerre juridique », s’est visiblement mise en place, afin de museler quiconque use de sa liberté de parole pour critiquer l’islam radical et tester la résistance des « cibles » et des institutions. En France, le procès des caricatures de Charlie Hebdo en a préfiguré le terrifiant engrenage. Le procès contre la crèche Baby Loup a suivi, avec ses interminables rebondissements judiciaires dont la directrice, Natalia Baleato, est sortie victorieuse, mais au prix d’un long combat.

Au Québec, Djemila Benhabib, journaliste et essayiste bien connue pour son combat contre l’islam politique en est déjà à son deuxième procès. En 2012, elle est poursuivie par une mère musulmane qui lui reproche d’avoir publié sur son blogue les photos de ses deux enfants prises lors d’un concours de récitation coranique organisé à la mosquée al-Rawdah, un fief des Frères musulmans. Or, ces mêmes photos étaient déjà publiées sur le site de ladite mosquée. Djemila Benhabib a gagné ce procès sans réel objet, mais on peut imaginer ce que cela représente de pression morale et financière. Le 26 septembre prochain s’ouvrira à Montréal, un autre procès qui l’oppose, cette fois-ci, à une école islamique pourtant financée par le ministère de l’Éducation et qui fait du port du voile islamique une obligation à partir de la troisième année (c’est-à-dire pour des fillettes de 9 ans). Au Royaume uni, la militante féministe, Maryam Namazie qui mène une lutte acharnée contre les tribunaux de la charia est confrontée à des lobbies organisés au sein des campus universitaires qui viennent perturber violemment ses conférences. Cet insupportable harcèlement consiste toujours à faire passer des militant-e-s laïques pour des racistes.

Ne nous trompons pas sur les véritables motivations des auteurs de ces attaques d’un type nouveau. D’abord, il s’agit de faire régner la peur pour empêcher toute expression critique envers l’islam ou contre la façon dévoyée dont certains veulent l’imposer à d’autres. Ensuite, il s’agit de mettre une pression démesurée sur les personnes visées, pour les épuiser psychologiquement et financièrement, les ostraciser et les éliminer du débat public. Bref, les décourager de continuer à s’exprimer publiquement. C’est pourquoi nous réaffirmons avec force que les démocrates du monde entier refusent la stratégie de la peur et de l’intimidation. Il ne saurait être question de renoncer à la liberté d’expression, pas plus qu’à l’universalité des droits humains et à ceux des femmes en particulier, qui ne doivent souffrir aucune contestation ni restriction au nom de préceptes religieux ou de prétextes culturels. À nous de rassembler nos forces pour nous donner les moyens d’agir collectivement. C’est le premier objectif du comité de soutien qui vient de se constituer.

http://djemilabenhabib.com/ je-soutiens-djemila

Membres du Comité de soutien de Djemila Benhabib

Premières associations signataires :

Association des Humanistes du Québec

Association européenne de la pensée libre-section IDF

Association Le Chevalier de la Barre

Association Laïcité et féminisme

Association pour la mixité, l’égalité et la laïcité (AMEL)

Assemblée des femmes

Clara Magazine

Conseil national des associations familiales laïques (CNAFAL)

Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes (CLEF)

Comités 1905

Comité Laïcité République

Égalité-Laïcité-Europe (EGALE)

Femmes pour le dire, Femmes pour agir

Femmes sans voile d’Aubervilliers

Femmes solidaires

Institut d’éthique contemporaine

Laïcité –Libertés

Les vigilantes

Libres MarianneS

Ligue du Droit International des Femmes

Marche Mondiale des Femmes-France

Mouvement laïque québécois (MLQ)

Mouvement pour la paix et contre le terrorisme

Ni Putes Ni Soumises

Observatoire de la laïcité de St-Denis

Regards de femmes

Réseau féministe « Ruptures »

Société des Amis de Vigile

Société des écrivains de la Mauricie

Union des Familles Laïques (UFAL)

Premiers signataires individuels

Claire Aubin, artiste peintre

Waleed al-Husseini, blogueur, auteur

Karim Akouche, écrivain

Élaine Audet, essayiste, poétesse et éditrice de Sisyphe.org, site féministe d’information, d’analyse et d’opinion

Élisabeth Badinter, philosophe, écrivaine

Daniel Baril, anthropologue et journaliste

Georges Bensoussan, historien

Nabila Ben Youssef, humoriste et comédienne

Gérard Biard, directeur de Charlie Hebdo

Mireille Bizot-Tadjeddine, professeure émérite ENS Cachan

Mathieu Bock-Côté, sociologue et chroniqueur

Danielle Bousquet, députée honoraire

Marika Bret, chroniqueuse Charlie Hebdo

Micheline Carrier, éditrice de Sisyphe.org, site féministe d’information, d’analyse et d’opinion

Yeter Célili, cheffe d’entreprise

Sérénade Chafik, militante féministe

Chahla Chafiq, sociologue, écrivaine

Guylain Chevrier, historien, militant laïque

Marie-Andrée Chouinard, présidente de Vigilance laïque

Claude Codsi, chef d’entreprise

Guy Corneau, psychanalyste et auteur

Ewa Dąbrowska-Szulc, présidente de l’association ProFemina-Pologne

Jane Donnely, activiste Atheist Irland

Bernice Dubois, consultante internationale

Gilles Duceppe, ancien chef du Bloc Québécois

Annick Drogou, auteure

Sanal Edamaruku, fondateur-président International Rationalist et président Indian Rationalist

Nadia el-Fani, cinéaste

Andrée Ferretti, écrivaine et militante indépendantiste

Nadine Fleury, médecin

Raymond Fleury, enseignant à la retraite et étudiant assidu à l’Université du troisième âge

Caroline Fourest, journaliste, auteure

Pierre Gauthier, député au parlement de Genève

Nadia Geerts, philosophe et auteure

Jean Glavany, ancien ministre, député des Hautes Pyrénées

Sihem Habchi, militante féministe laïque

Shoukria Haidar, présidente de NEGAR- Soutien aux femmes d’Afghanistan

Guy Haarscher, philosophe, professeur émérite de l’Université libre de Bruxelles

Marieme Helie Lucas, sociologue, fondatrice de Secularism is a women’s issue

Myriam Ibn Arabi, philosophe

Lucie Jobin, présidente du Mouvement laïque québécois

Guy Julien, ancien ministre

Ali Kaidi, philosophe et membre fondateur de l’Association québécoise des Nord-africains pour la laïcité

Isabelle Kersimon, journaliste, essayiste

Catherine Kintzler, philosophe, professeure émérite Lille III

Françoise Laborde, sénatrice de Haute-Garonne

Ibtissame Betty Lachgar, psychologue, co-fondatrice du Mali (le mouvement alternatif pour les libertés individuelles) au Maroc

André Lamoureux, politologue et porte-parole du Rassemblement pour la laïcité

Bernard Landry, ancien premier ministre du Québec

Guy Langagne, ancien ministre
Mona Latif-Ghattas, poétesse et écrivaine

Guillaume Lecontre, chercheur

Christine Le Doaré, juriste conseil et militante féministe

Richard Le Hir, ancien ministre

Corinne Lepage, ancienne ministre, présidente de CAP 21

Joseph Macé-Scaron, président du comité éditorial de Marianne

Louise Mailloux, philosophe et militante laïque

Laurence Marchand-Taillade, Présidente de l’Observatoire de la laïcité du Val d’Oise

Samuel Mayol, maître de conférences

Yves Michaud, chef de la mission diplomatique du Québec en France (1979-1984)
Danielle Michel-Chich, journaliste et auteure

Maryam Namazie, porte parole de One law for all, membre du Council of ex muslims

Taslima Nasreen, écrivaine

Wanda Nowicka, ancienne vice-présidente du parlement de Pologne

Michael Nugent, écrivain et président de Atheist Irland

Magali Orsini, députée au parlement de Genève

Akli Ourdja, Association québécoise des Nord-africains pour la laïcité

Michel Paris, consultant

Gilbert Paquette, ancien ministre

Céline Pina, essayiste et militante laïque
Lorraine Prieur, pianiste et professeur de musique

Hubert Reeves, astrophysicien, auteur

Jocelyne Robert, sexologue et auteure

Yves Rocheleau, ancien député

Yvette Roudy, ancienne ministre

Marie-Josée Salmon, militante féministe

Nina Sankari, militante de la Libre pensée et des droits des femmes en Pologne

Boualem Sansal, écrivain

Luc Saucier, calligraphe, chanteur

Simon-Pierre Savard-Tremblay, président de Génération nationale

Agnès Setton, médecin

Fatoumata Fathy Sidibé, députée au parlement de la région Bruxelles-Capitale

Mohamed Sifaoui, auteur et réalisateur

Alain Simon, haut fonctionnaire

Michèle Sirois, présidente de Pour les droits des femmes du Québec – PDF Québec

Abderrahmane Tadjeddine, physicien, chercheur

Lisa Marie Taylor, présidente de Feminism in London

Viviane Teitelbaum, députée au parlement de la région Bruxelles-Capitale, échevine

Sam Touzani, comédien, metteur en scène

Danielle Trussart, écrivaine

Fiammetta Venner, politologue, essayiste

Michel Virard, président de l’Association des humanistes du Québec

Arlette Zilberg, maire adjointe de Paris-20ème

Soufiane Zitouni, philsophe et auteur

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