Communiqué

Communiqué

La France va-t-elle créer prochainement des services d’accompagnement sexuel spécifiques pour les personnes en situation de handicap ? C’est bien l’objectif visé par le projet de loi qui doit être prochainement présenté à l’Assemblée nationale.

Que la question de la sexualité de ces personnes, profondément taboue, soit enfin abordée, on ne peut que s’en réjouir. Oui, il faut prendre en compte la détresse de leur vie affective et sexuelle. Cependant, la « solution » proposée n’est pas acceptable pour plusieurs raisons. Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir (FDFA), association de femmes handicapées, soutenue par des associations féministes (dont le Réseau Féministe « Ruptures ») regroupées dans le Collectif Handicap, Sexualité, Dignité (HDS), pose clairement ses principes : « Les personnes handicapées refusent d’être considérées comme des personnes différentes. » Elles veulent être reconnues comme « des citoyennes et des citoyens à part entière avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. » Or, ce projet de loi contribue au contraire à renforcer la discrimination dont elles et ils sont victimes. En effet, que leur propose-t-on ? D’avoir recours à des aidant-es sexuel-les formé-es et rémunéré-es. Mais alors que deviennent la réciprocité du désir, le respect de l’intimité ? Loin de prendre en compte la complexité des besoins, la « solution » proposée est un détournement de la véritable demande des personnes en situation de handicap. De plus, elle révèle une forme de mépris à leur égard en rabaissant l’humain au rang de consommateur.

D’autre part, les associations qui prônent l’assistanat sexuel invoquent « un droit à la sexualité des personnes handicapées.» Or, les droits ont pour fondement des valeurs, des principes. A quelles valeurs se rattache une revendication qui commence par promouvoir la discrimination et à enfreindre la loi commune ? Ce droit à la sexualité, si on l’invoque, ne peut être réservé à une seule catégorie de personnes.

De plus, la création de l’assistanat sexuel conduirait à officialiser, à légaliser des rapports sexuels minutés et tarifés, définition même de la prostitution, ce qui nécessiterait une dépénalisation du proxénétisme de soutien puisqu’un membre intermédiaire (famille ou personnel soignant) serait nécessaire. D’ailleurs, tous les pays qui ont institué ces services (Pays-Bas, Allemagne, Suisse) sont règlementaristes, autrement dit, ils ont aboli l’infraction de proxénétisme et placé la prostitution au rang de choix individuel. Ainsi, serait nécessairement remises en cause les lois françaises de lutte contre le proxénétisme.

Les assistant-es sexuel-les sont recrutés dans le monde de la prostitution et auprès du personnel paramédical. D’où une confusion dans les esprits et une déqualification des métiers ; au point qu’en 2010 un syndicat d’infirmières néerlandaises a dû lancer une campagne dénonçant toute assimilation entre infirmières et prostituées. Des femmes, des féministes ont lutté pour ne plus être corvéables sexuellement ni dans le domaine public, ni dans le domaine privé. Comment pourraient-elles accepter un tel recul de leurs droits ?

Le Collectif Handicap, Sexualité, Dignité dénonce toute dérogation, tout ajustement qui serait une violation des principes abolitionnistes de la France, incompatibles avec toute organisation de la marchandisation du corps humain et de la sexualité. Trouver des réponses aux désirs d’affectivité, de sexualité des personnes en situation de handicap nécessite d’abord, et surtout, une sortie de l’enfermement, une ouverture sur l’extérieur en permettant l’accessibilité à la vie sociale, aux lieux publics, afin de multiplier les possibilités de rencontres.

Paris, le 4 mai 2011.

Les commentaires sont clos.