LA SYRIE N’EST PAS L’IRAK

LA SYRIE N’EST PAS L’IRAK

COMMUNIQUÉ du COLLECTIF URGENCE SOLIDARITÉ SYRIE

Paris, le 1er septembre 2013

LA SYRIE N’EST PAS L’IRAK

Depuis qu’a été envisagée une action militaire contre le régime de Bachar El-Assad, à laquelle la France participe, nombre d’organisations et de responsables politiques se drapent dans une virginité soudainement retrouvée sur les « droits-de-l’homme ». Les mêmes depuis trente mois ont été particulièrement discrets lorsque chaque résolution du Conseil de sécurité de l’ONU demandant l’application du droit humanitaire international en Syrie, se voyait systématiquement bloquée par un veto de la Russie et de la Chine.

Nous attendons toujours de ces nouveaux plaideurs du Droit international des initiatives telles qu’une pétition contre les livraisons d’armes à Bachar Al-Assad, contre les atrocités de la dictature, ou pour dénoncer l’intervention militaire directe des miliciens du Hezbollah et de l’Iran. Il faut combattre l’assadisation des esprits qui ne fait que différer la solidarité et l’aide qu’attend la population syrienne.

Faire l’amalgame entre l’intervention en Irak de 2003 et la situation en Syrie en 2013 est une malhonnêteté.

En Irak, le peuple n’était pas descendu dans les rues en 2003. La dictature était certes implacable, mais elle n’avait pas entrepris de dévaster le pays et de tuer en masse en bombardant des milliers d’immeubles.
En Irak, la CIA a menti en produisant de fausses preuves de stockage d’armes de destruction massive.

En Irak, le lobby pétrolier a probablement joué un rôle important en spéculant sur l’approvisionnement énergétique de l’Occident.
En mars 2011, le peuple syrien s’est soulevé en masse après 43 années d’une dictature féroce pour réclamer la justice et la liberté.
La Syrie est un pays géopolitiquement important mais ne participe pas à un enjeu stratégique quant à ses ressources en énergie pétrolière.
Enfin, et c’est le plus important, en comparaison avec l’Irak de 2003, il ne fait plus aucun doute que des armes chimiques ont été utilisées le mercredi 21 août 2013 à Damas, faisant plus d’un millier de victimes dont des femmes et des enfants, tous dans des quartiers libérés par les opposants à la dictature.

Après plus de 100 000 morts, dont 5 500 enfants, des villes en grande partie détruites par le régime en place, comparer l’Irak de 2003 à la Syrie de 2013 est pour le moins déplacé.

Alors que les Syriens réclament depuis plus d’un an des mesures de protection, notamment d’exclusion aérienne, l’enjeu n’est pas de « punir » Bachar El-Assad, mais plutôt de neutraliser ses capacités de destruction de la population syrienne, et ainsi de mettre un coup d’arrêt à la guerre monstrueuse de la dictature contre la population : il ne s’agit donc nullement « d’ajouter la guerre à la guerre ». L’objectif est de la protéger au regard du Droit Humanitaire international et ainsi d’épargner des milliers de victimes.

Cela passe par l’octroi à l’opposition démocratique de moyens qui lui sont jusqu’ici refusés pour faire face à la terreur d’État. Cela passe aussi, vu la situation créée par 30 mois d’inaction de la communauté internationale, par une intervention concertée de plusieurs pays ayant pour seul but de porter un coup d’arrêt à la destruction de la Syrie et de ses habitants, et de redonner espoir à une population meurtrie après 2 ans et demi de dévastation du pays par l’armée de la dictature.

C’est aux Syriens qu’il appartient, avec l’appui des défenseurs des droits humains, de tirer un trait sur ce régime et de mettre en oeuvre, en toute indépendance, leurs choix d’une alternative de liberté et de justice.

Contact : urgencesyrie@gmail.com

Les commentaires sont clos.