« La réussite dépendra de la participation des mouvements sociaux »

« La réussite dépendra de la participation des mouvements sociaux »

« La réussite dépendra de la participation des mouvements sociaux »

Interview de Mimoun Rahmani, du Forum social du Maghreb

La réussite ou l’échec du prochain Forum social mondial (FSM) de Tunis dépendra, fondamentalement, de la capacité des mouvements sociaux à s’approprier cet espace ouvert et à lui donner un véritable contenu transformateur. C’est la thèse principale de Mimoun Rahmani, membre du comité de suivi du Forum social Maghrébin, qui, en cette qualité, a participé à plusieurs rencontres préparatoires du FSM de Tunis 2013.

« La Région du Maghreb/Machrek, principalement la Tunisie, le Maroc, l’Algérie et l’Égypte, a été le théâtre d’importants soulèvements populaires au cours des dernières années. C’est un processus en marche, inachevé, qui va exiger de nous du temps et des luttes… », souligne Rahmani, un des responsables d’ATTAC Maroc et du Comité pour l’annulation de la dette du Tiers-Monde (CADTM) de ce même pays.

Dans ce sens, la convocation du Forum, pour fin mars, dans la capitale tunisienne, où il est prévu que se réunissent entre 30 et 50 mille participants – selon les estimations des organisateurs – « peut avoir un impact significatif si sont présents les mouvements sociaux les plus dynamiques de la région, ceux qui ont été les acteurs des processus révolutionnaires ».

Un défi qui n’est pas gagné d’avance, vu que beaucoup de ces acteurs sociaux de première ligne « ont des priorités d’agenda très spécifiques et, de plus, souffrent de nombreuses contraintes financières pour se déplacer », souligne Rahmani.

C’est pour cette raison qu’il est particulièrement important que se concrétise réellement la promesse des organisateurs du FSM 2013, de consacrer un pourcentage du budget à faciliter cette participation. Selon Rahmani, sur un budget total d’environ 1 million et demi d’euros, il était prévu, à l’origine, d’allouer 15% à la *caisse de solidarité* afin de promouvoir la participation.

« Nous avons réalisé des assemblées de préparation du FSM en juillet et en décembre… Et on constate que, sur un total de 2715 organisations inscrites, prédominent les ONG. Mais, fin 2012, il n’y avait qu’une faible participation des mouvements sociaux ».

Le grand défi, insiste à nouveau Rahmani, est de savoir « comment mobiliser les mouvements qui ont réellement lutté. Comment les impliquer. Spécialement les mouvements de jeunes, de chômeurs, d’étudiants, de paysans… qui existent dans toute la région mais ne disposent pas des ressources nécessaires pour se déplacer. Et qui n’identifient pas encore avec clarté le FSM comme un moyen permettant de catalyser réellement leurs combats ».

Derrière la réflexion du dirigeant d’ATTAC Maroc, se trouve un thème récurrent dans le cadre de l’espace altermondialiste des Forums : celui du « contenu politique ». Bien que les axes programmatiques prévus soient étendus et intéressants, le défi est de « donner un contenu politique au Forum ».

Ainsi, « en plus de ce qu’on voit généralement dans un Forum ; c’est-à-dire des débats, des conférences, des chants, des danses… Nous avons également proposé d’organiser des actions concrètes sur le terrain ; organiser des actions dans des lieux publics symboliques de la révolution tunisienne ; des protestations ou des sit-in devant la Banque centrale de Tunisie, à la place El Kasbah, au boulevard Bourguiba… Impliquer la population, créer des espaces du Forum proches des gens et non dans des endroits isolés difficiles d’accès ».

Sans oublier, insiste Rahmani, « que la situation explosive du Maghreb, et de tant d’autres régions du monde, est le résultat d’un système hégémonique, basé sur des ajustements structurels et des accords de libre-échange qui ont eu des impacts catastrophiques pour les peuples ». L’importance du FSM de Tunis sera liée à la capacité de « rapprocher et faire converger les luttes. Dans un endroit stratégique comme le Maghreb, proche de l’Europe, de l’Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient en ébullition », conclut-il.

Sergio Ferrari, mars 2013.

Les commentaires sont clos.