Un budget pour l’égalité et la liberté des femmes

Un budget pour l’égalité et la liberté des femmes

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Un budget pour l’égalité et la liberté des femmes

Centres IVG, places en crèche, dispositifs d’accueil pour les femmes victimes de violences : « Voici trois investissements indispensables pour la liberté des femmes et l’effectivité concrète de leurs droits », plaide le collectif Féministes en Mouvements, pour qui le gouvernement ne peut laisser en l’état «les dotations et subventions déjà très insuffisantes ou mises à mal par le gouvernement précédent ».

Le 24 octobre prochain se réunira le comité interministériel pour les droits des femmes, pour la première fois depuis douze ans. La réactivation de ce comité doit être saluée : elle ouvre la voie d’un traitement transversal de l’égalité femmes-hommes, par tous les ministères. Cette instance, ainsi que la concertation avec les associations, sont des signes positifs de la politique menée par le ministère des droits des femmes.

Depuis quatre mois, des chantiers ont été ouverts : citons notamment l’ouverture des négociations sur l’égalité professionnelle et salariale, la loi sur le harcèlement sexuel, le discours sur les enjeux diplomatiques des droits des femmes, l’intégration de la question de l’égalité dans la refondation de l’école, l’inscription dans la Loi de financement de la sécurité sociale du remboursement à 100% de l’IVG… Cela montre bien l’importance d’un ministère des droits des femmes pour la mise en œuvre de l’égalité.

Mais les angles morts sont criants. Si les droits des femmes ont progressé depuis les premières luttes des années 1970, leur effectivité constitue le défi majeur de la période actuelle. Un gouvernement de gauche se doit d’assurer cette effectivité des droits, pour toutes et sur tout le territoire.

Que signifie en effet avoir le droit à l’avortement, si les centres IVG, dont plus d’une centaine a été fermée depuis dix ans, ne peuvent accueillir les femmes qui les sollicitent ?

Que signifie avoir le droit à se former et à travailler, si les places en crèches restent si insuffisantes et certains emplois féminisés si précaires, et qu’ainsi de nombreuses femmes, surtout les moins qualifiées, redeviennent « femmes au foyer » ?

A quoi servent des lois contre les violences faites aux femmes ou des campagnes de sensibilisation, si les femmes ne trouvent pas de lieux d’écoute ou d’accueil leur permettant de sortir de la violence et si le nombre de places d’hébergement dédiées pour leur mise en sécurité reste en dessous de tous les standards européens ?

Réouverture des centres IVG, création de places en crèche et ouverture de places pour la mise en sécurité des femmes victimes de violences : voici trois investissements indispensables pour la liberté des femmes et l’effectivité concrète de leurs droits.

Sans ces investissements, la liberté de travailler et d’être autonome, le droit à l’intégrité physique et psychologique, le droit à disposer de son corps, restent pour nombre de femmes des coquilles vides.

Le ministère des droits des femmes doit pouvoir disposer en 2013 d’un budget conséquent à la hauteur de ces enjeux. Et la liberté des femmes demande aussi des engagements transversaux. L’égalité ne peut être appréhendée comme une dépense, mais comme un investissement pour la société. Le comité interministériel est l’occasion d’impulser une dynamique transversale à toutes les politiques publiques, seule garante de l’effectivité des droits et libertés des femmes. Même en temps de crise, ne pas investir pour la liberté des femmes est un mauvais calcul économique. C’est à la fois subir les conséquences coûteuses en termes de précarité et de violences et c’est aussi considérer que le développement sociétal et économique pourrait se faire au détriment des femmes.

Les associations, rassemblées dans le collectif des Féministes en mouvements, assurent tous les jours des missions de service public : accès à la santé, accueil et accompagnement de femmes précaires et victimes de violences, sensibilisation des acteurs de la société… Nous ne pouvons accepter que le gouvernement actuel n’augmente pas les dotations et subventions déjà très insuffisantes ou mises à mal par le gouvernement précédent.

Promouvoir l’égalité et investir dans la liberté des femmes constitue un projet de société qui vaut pour toutes et tous. Le gouvernement se doit d’y souscrire et le comité interministériel de la fin octobre doit être un moment fort de réponse à ces exigences.

À l’initiative du collectif Féministes en Mouvements

Marie-Noëlle Bas, présidente des Chiennes de gardes
Françoise Brié, présidente de la Fédération nationale solidarité femmes
Magali De Haas, porte-parole d’Osez le féminisme !
Monique Dental, animatrice du réseau féministe « Ruptures »
Carine Favier, présidente du Planning familial
Séverine Lemière, présidente de l’association FIT, une femme, un toit
Emmanuelle Piet, présidente du Collectif féministe contre le viol
Sabine Salmon, présidente de Femmes solidaires
Martine Storti, présidente de l’association 40 ans de mouvement
Annie Sugier, présidente de la Ligue du droit international des femmes

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