Bloc-notes de Marseille : jeudi, marée montante au forum alternatif

Bloc-notes de Marseille : jeudi, marée montante au forum alternatif

Bloc-notes de Marseille : jeudi, marée montante au forum alternatif

L’eau, notre bien commun jeudi 15 mars 2012

La journée reprend aux docks du sud. Les organisateurs sont un peu débordés par l’afflux de public. Foisonnement d’ateliers : « alternatives à la privatisation », « solutions pour une gestion communautaire de l’eau », « eau et assainissement dans les grandes villes du Niger », « forum des jeunes ».

Je navigue au fil des discussions. Un fil conducteur : la notion de bien commun.

Jeudi, marée montante au forum alternatif

On évoque la fin d’une période « tragique », où les économistes libéraux dominaient les débats, et où l’on considérait que l’Homme était intrinsèquement trop égoïste pour gérer ces biens sans en passer par la propriété privée. Le prix Nobel de l’économie décerné en 2009 à Elinor Ostrom, en témoigne : c’est justement pour ces travaux sur les possibilités de régulation collective de ces biens qu’elle a été distinguée par ses pairs.

Pourtant, les tenants de la marchandisation n’ont pas renoncé. Débat sur la stratégie de la Banque Mondiale. Celle-ci a renoncé au dogme de la privatisation. Mais pour promouvoir celui de la « corporatisation », qui consiste à introduire dans les entreprises publiques les règles de rentabilité qui prévalent au sein du privé. Ou comment poursuivre l’extension du modèle néolibéral malgré ses échecs avérés.

Le Québécois Jean-Luc Amen dit l’absurdité des compteurs individuels, qui coûtent affreusement cher alors que la quasi-totalité des coûts des réseaux sont fixes.
Cohue au déjeuner

Pause déjeuner. Après l’immense restaurant à moitié vide du forum officiel, c’est ici la cohue aux stands de nourriture. Je propose une motion qui pourrait être adoptée à l’unanimité : que le forum officiel nous rétrocède les milliers de repas qui n’y seront pas distribués.

Je me rends au débat où je dois intervenir sur l’efficience du service public. Raymond Avrillier, le tombeur de Carignon à Grenoble , montre que le service public a fait baisser les prix de 25 à 30 % et a investi dans les infrastructures, là où le privé avait longtemps délaissé les réseaux. J’abonde dans ce sens : le service public, parce qu’il n’a pas à rendre compte à des actionnaires à des citoyens, peut se montrer extrêment innovant. Exemples à l’appui : la réouverture de la Bièvre ou la gestion des eaux pluviales.

Un paysan retraité de la Confédération paysanne montre l’urgence de faire baisser les normes nitrate et pesticides qui empoissonnent – en premier lieu les agriculteurs eux-mêmes. La durée de vie de certaines molécules est considérable. En Mayenne, 130 zones de captage fermées en 30 ans. Je saisis l’occasion pour annoncer que la Région Ile-de-France vient de voter une prime pour valoriser le service rendu par l’agriculture biologique : 220 euros à l’hectare, selon les calculs Agrotech.

Une jeune femme de Midi-Pyrénées demande une mise en réseau des expériences positives pour que les petites communes puissent franchir le pas du retour en régie.
Mélenchon fait étape au forum

Visite de Jean-Luc Mélenchon, venu défendre le service public avec Pierre Laurent. Intérêt et forte curiosité, du public comme des journalistes. Demain, ce sera le tour d’Eva Joly. Ah, si tous les candidats pouvaient venir !

Mais d’autres responsables politiques préfèrent attaquer les plus fragiles. Témoignages de Roms, qui racontent comment certains maires, un peu partout en Europe, coupent l’eau aux campements pour les pousser au départ.

Pourtant, l’implication citoyenne peut faire des miracles. Le représentant d’une ONG congolaise fait part de son expérience, qui consiste à aider les communautés de quartier à pallier les lacunes des pouvoirs publics en construisant et en gérant eux-mêmes, au sein d’associations locales, la distribution et la production d’eau.

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