Menaces de mort par un groupe « talibans »

Menaces de mort par un groupe « talibans »

Menaces de mort par un groupe « talibans »
sur des fillettes scolarisées de la Vallée de Swat (Pakistan)

Action menée à l’initiative du Groupe transversal
« Laïcité-Lutte contre les intégrismes et pouvoirs religieux »

Composition de la délégation

· Monique Dental Association Réseau Féministe « Ruptures » Ingénieure d’études retraitée, Université Paris 7.

· Doucha Belgrave Association Femmes En Noir
Journaliste.

· Anne-Marie Viossat Commission Femmes d’Amnesty International, Professeur de musique.

· Michèle Loup Conseillère régionale Ile-de-France,
en charge de la mise en œuvre de la politique de genre en Ile-de-France.

· Xavière Gauthier Philosophe-chercheure CNRS, écrivaine.

· Ellen Heyward Traductrice.

Portes paroles des associations féminines et féministes

AFEMCI (Femmes Euro-méditerranéennes contre les Intégrismes) ; AFFDU (Association des Femmes Française Diplômées des Universités) ; AFIF (Association des Femmes Iraniennes en France) ; Africa 93, Association CIBEL ; Association Citoyennes Maintenant ; Association Du Côté des Femmes ; Association Femmes, Poésie et Liberté ; Association La Lune ; Association « Les femmes ça Crée » ; Association Olympe de Gouges ; Association « Toutes à l’Ecole » ; CADAC (Coordination Nationale des Associations pour le Droit à l’Avortement et à la Contraception) ; CIDF 90 (Centre d’Information des Femmes) ; CNDF (Collectif National pour les Droits des Femmes) ; Collectif de Pratiques et de Réflexions Féministes « Ruptures » ; Collectif Les Femmes en Noir ; Collectif Midi-Pyrénées pour les Droits des Femmes ; Comité des Femmes Contre la Lapidation ; Commission Féminisme « Les Alternatifs » ; Commission Femmes d’Amnesty International France ; Commission nationale Droits des femmes/féminisme du PCF ; Coordination Lesbienne en France ; « CQFD Fierté Lesbienne » ; Emission « Femmes Libres » de Radio Libertaire ; Fédération Nationale Solidarité Femmes ; FEM (Féministes-Ecologistes-Mixité) ; Femmes Solidaires ; Forum Femmes Méditerranée ; IFE-EFI (Initiative Féministe pour une Autre Europe) ; LEA (Laïcité-Ecologie-Association) ; Le CERF (Cercle d’Etudes de Réformes Féministes) ; Les Insoumises ; Les Pénélopes ; Ligue du Droit International des Femmes (Association fondée par Simone de Beauvoir) ; Maison des Femmes de Paris ; Maison des Femmes de Montreuil ; Marche Mondiale des Femmes Contre les Violences et la Pauvreté-France ; Mouvement Jeunes Femmes ; Regards de Femmes ; RAFJIRE (Réseau pour l’Autonomie Juridique des Femmes Immigrées et Réfugiées) ; Réseau Féministe « Ruptures » ; Secteur Féminisme et Laïcité de l’UFAL ; SOS Sexisme.

Compte-rendu de la Délégation reçue à l’Ambassade du Pakistan à Paris
par Mme Asma ANISA, Ambassadrice

Lundi 26 janvier 2009

L’entretien a duré une heure vingt. Il a été cordial. En voici un extrait significatif.

Doucha Belgrave : Qu’êtes-vous en mesure de faire pour stopper ce climat de terreur ?

Mme Anisa : Il faut comprendre la situation en l’inscrivant dans un climat et une tension géographique plus vaste. D’abord, je n’ai pas le détail du déploiement des forces militaires. Cela peut se comprendre car des annonces publiques concernant les mesures militaires pourraient compromettre les décisions du gouvernement pakistanais qui a décidé de prendre des dispositions à cet égard ou est en passe de les prendre pour protéger les écoles. Ensuite, les forces gouvernementales déployées feront tout pour éviter tout danger à l’encontre les petites filles et des femmes. (…)

Doucha Belgrave : Nous avons su que quatre écoles ont été détruites depuis le 15 janvier. Cet individu connu a donc commencé à mettre ses menaces à exécution. Il est connu, a été interviewé à la radio … Comment est-il possible qu’il ne soit pas encore arrêté ?

Mme Anisa : Je ne doute pas que cet homme soit inquiété (…)

Michèle Loup : Y a-t-il eu, au niveau national, un mandat d’arrêt lancé contre lui ? Si ce chef taliban peut agir ainsi, c’est qu’il dispose de soutiens. Quels sont-ils ? Quelles mesures concrètes ont été prises pour protéger les fillettes et les femmes ?

Mme Anisa :(…) J’insiste sur le fait que la situation dans la Vallée de Swat n’est pas un incident isolé et que cette situation fait partie de la guerre contre les terroristes dans cette région. (..) Je peux vous rassurer sur le fait que les autorités pakistanaises font du mieux possible pour aider les populations de la Vallée de Swat. Je suis, pour ma part, extrêmement sensible à cette situation car pour arriver à exercer la fonction qui est la mienne, j’ai reçu l’éducation nécessaire et le soutien de mon peuple.(…) Je vous rassure sur le fait que je transmettrai toutes vos demandes au gouvernement pakistanais, communiquerai vos inquiétudes légitimes et vous informerai en retour.

Doucha Belgrave : Peut-on considérer que la police et l’armée sont impuissantes et ne peut pas faire grand-chose dans ces zones-là ?

Mme Anisa : C’est difficile à prévoir mais les médias ont bien précisé qu’il y a eu un déploiement de troupes dans la région et qu’elles interviendront à nouveau si nécessaire pour sauvegarder les écoles. Et cela est possible parce qu’il y a un soutien de la population.

Michèle Loup évoque la situation des trois jeunes filles pakistanaises, lapidées et enterrées vives voici quelques mois et dont les assassins, bien que connus, n’ont pas été arrêtés à ce jour.

(…)

Mme Anisa : L’assassinat pour « crimes d’honneur » fait référence à un tabou social qui doit être séparé de la religion et de la loi.

Michèle Loup : Mais ne serait-ce pas donner un signal fort du gouvernement si, à chaque fois que cela se produit, les assassins étaient arrêtés et condamnés ?

Mme Anisa : Pour ce cas spécifique, je n’ai pas tous les détails. Mais une loi vient d’être promulguée qui dit que les « crimes d’honneur » sont de véritables crimes.

Je veux réitérer :

· que le Pakistan est un pays qui favorise les droits des femmes ;

· que je suis très concernée et très touchée par les évènements qui se déroulent ;

· que le gouvernement pakistanais prend toutes les mesures possibles en son pouvoir pour combattre cette situation et donner leurs droits aux femmes.

· que nous avons besoin de la compréhension de la communauté internationale, de son soutien pour nous aider à combattre ce problème sérieux et grave

· que je suis très reconnaissante à vos associations de se sentir particulièrement concernées.

Mme Anisa nous remet le texte d’un de ses discours à Beyrouth, il y a quelques années.

On peut le traduire et le résumer ainsi :

Bien que l’Islam ait donné au monde sa première Charte des droits des femmes, une persistance des rites féodaux autoritaires a conduit à la relégation des droits des femmes en position secondaire.

Dans un passé récent, cependant, de sincères efforts ont été faits en faveur des femmes dans trois domaines :

* social et législatif (quotas de femmes dans l’emploi privé et public, Directives en matière de santé, récente loi sur les « crimes d’honneur » considérés comme meurtres de droit commun,…) ;

* économique (facilitation à l’accès aux micros-crédits, facilitation aux moyens de subsistance, aux emplois rémunérés et à l’éducation) ;

* politique (quotas de femmes aux postes et instances politiques du pays).

En guise de premier bilan

· Nous pouvons être déçues par la langue de bois, langage diplomatique qui reste dans le vague et ne donne pas de garanties. Pouvait-on espérer plus ?! Mais nous pouvons aussi nous réjouir d’avoir été reçues longuement et d’avoir pu rappeler que les droits des femmes sont indivisibles et doivent être considérés, partout dans le monde, comme des droits humains fondamentaux. Si l’ambassadeur avait été un homme, nous n’aurions peut-être été reçues que par un Attaché d’ambassade. Il est important de ne pas rompre la communication : désormais toutes les atteintes aux droits fondamentaux des femmes au Pakistan seront dénoncées auprès de l’Ambassade.

Compte-rendu : Monique Dental et Xavière Gauthier.

4 février 2009.

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