Intervention du Groupe d’Intérêt pour le Matronyme – TR 3 27 mai 2008
« Le Mai des féministes »
2008 : 40 ans après, quelles résonances, quelles transmissions générationnelles ?
Pour quels engagements féministes ?
Un combat frais comme une rose de mai : l’impensée subversivité du matronyme
Le matronyme serait-il au cœur de l’impensé (G. Fraisse) du patriarcat (C. Delphy) ?
En effet, les luttes féministes des années 70 n’ont pas revendiqué le droit de transmettre leur nom d’Etat civil à celui de leurs enfants même dans les unions licites. Lorsque les femmes transmettent alors leur nom, cet acte reste entaché de valeur négative pour ne pas dire de honte sociale associée à une naissance hors mariage.
L’émancipation portait plutôt sur le droit des femmes à « garder » leur nom pendant le mariage ou à ne pas se marier, mais pas sur celui du nom de leurs enfants. Longtemps, nombre de femmes indépendantes mettront même un point d’honneur à ce que leurs enfants portent le nom de leur géniteur afin de montrer selon elles, qu’elles ne sont ni « fille-mère » ni « mère célibataire » mais émancipées de leur conjoint.
Ce n’est pas un hasard s’il faut attendre le milieu des années 80 et la première génération d’enfants massivement nés hors mariages et assumés comme tels par leur mère pour voir apparaître un certain intérêt pour cette question sans nommément fonder la légitimité féministe de l’héritage : le matronyme. Pourtant le poids, le sens, la charge sociale et historique qui entoure la question de la dénomination identitaire des individus, le fondement de la règle de dévolution patriarcale aurait dû porter à prendre conscience de la force du matrimoine comme contre-levier à l’oppression des femmes.
Ainsi, il semble qu’il y ait eu un « temps » d’adaptation des luttes féministes. Si dans un premier temps, celles des années 70 ne revendiquent ni le pouvoir politique électoral, ni le droit de transmettre leur matrimoine et de le voir entériner dans la loi, mais celui de leur indépendance juridique, financière et reproductive, les années 80 voient une revendication des conséquences induites par les changements de pratiques issus des années 70.
Les années 90 que l’on caractérise souvent de période « backlash » permettront d’être témoin de la non-application concrète de droits acquis, dans un contexte de post- Trente glorieuses qui mèneront au mouvement social en faveur de la parité, souvent amputé dans sa présentation médiatique de son sens premier, la remise en question fondamentale et transversale de l’ordre masculin pour aller vers une réorganisation sociétale plus qu’à égalité, « à parité ».
Où en est-on aujourd’hui ?
Peut-être à une exigence pragmatique d’inscription réelle et quotidienne de l’application des droits identiques aux femmes et aux hommes, ce qui est en conséquence un dépassement des droits des femmes. Il faut que les femmes aient plus de droit qu’elles n’en ont effectivement et qu’il n’y ait plus d’écart entre les régimes de traitement dont bénéficient les hommes et les femmes. Les mêmes droits c’est aussi la fin du privilège de la propriété patriarcale sur la reproduction humaine.
C’est la reconnaissance de la transmission du matrimoine acquis par les femmes, non seulement leurs biens et leurs richesses mais aussi la nomination de cette transmission, la légitimité indépassable, inattaquable de la transmission de l’identité et de l’indépendance des femmes, leur nom d’Etre émancipé.
Groupe d’Intérêt pour le Matronyme,
Matrimoine – Parité – Civilité*