Comités pour des candidatures communes anti-libérales

Comités pour des candidatures communes anti-libérales

Intervention de Monique Dental
Animatrice du Réseau Féministe « Ruptures »


La réunion du CNI ouverte aux collectifs unitaires locaux le 1er juillet avait décidé que la Rencontre nationale d’aujourd’hui prendrait des décisions sur un certain nombre de points étaient restés en suspens.

Depuis, le Comité National d’Initiative a travaillé et a adressé aux comités locaux les textes « Ambition-Stratégie », « Trame de propositions » et la Charte pour être amendés et enrichis dans leurs réunions. Tout est donc réuni pour avancer et faire le point de la situation.

Les décisions de cette assemblée seront importantes. Elles vont conditionner la suite du mouvement que nous avons initié et qui a trouvé ses racines dans le résultat du NON au référendum du 29 Mai très majoritaire, ouvrant ainsi Rappelons-nous, une période d’espoir que nous ne devons pas décevoir. C’est ce que nous déclarions déjà Place de la République au soir du 29 Mai, nous avions donc conscience de nos responsabilité. Beaucoup d’entre nous attendent un signe fort de cette volonté de déboucher.

Membre du Comité national d’initiative comme “personnalité”, je donne ici ma position et celle des membres du “Réseau Féministe “Ruptures” impliqué nationalement dans des comités. Je crois également être l’écho de plusieurs personnes ici, observatrices aujourd’hui, qui partagent cette position :

Sans vouloir polémiquer, il me semble que nous ne pourrons avancer et concrétiser l’alternative que nous voulons incarner sans en finir avec les atermoiements persistants et l’attitude attentiste qui nous cantonnent à privilégier une dynamique de cartels d’organisations politiques, à nous tenir en otage d’un face à face PCF/LCR face au PS qui conduit en fin de compte, comme je l’ai déjà dit le 1er juillet, à bloquer toute mobilisation organisée, et à leur donner un blanc-seing de l’issue de la situation. Je crains que prendre le temps du débat n’aboutisse à donner aux partis politiques seuls la maîtrise de ce temps. On le sait il y en a qui veulent même attendre novembre que le candidat PS ait été désigné pour se décider. Cette attitude, mortifère pour tout le monde, conduit objectivement à l’échec, est source de découragement, de défaitisme, donc de démobilisation et de dispersion des forces de la gauche anti-libérale au bénéfice du vote utile en faveur du PS, des abstentions, et du Front National.

Qu’on ne s’y méprenne pas, nous ne sommes pas contre les partis politiques en disant cela. Ce que nous refusons, c’est la mauvaise foi, parce qu’elle torpille le mouvement de recomposition politique qui est au coeur de notre démarche commune pour préserver des jeux d’appareils, tout en cherchant à nous culpabiliser en invoquant le respect du consensus. Nous partageons la responsabilité de ne pas avoir su et pu traduire le vote des millions de personnes le 29 mai en annonçant une perspective de recomposition politique en marche. Du coup ce sont les partis qui ont repris le dessus.

Si cette situation n’évoluait pas, la question se poserait : pour parvenir à fédérer les énergies militantes plus largement, devrons-nous le faire contre les forces politiques qui freinent ce processus et nous en empêche objectivement ? S’il le fallait, sachez que nous n’hésiterons pas, nous ne vous laisserons pas faire. Nous nous organiserons aussi au regard de l’issue qui sera donnée à cette rencontre.

Nous devons en sortir et ce n’est pas faire preuve d’agitation effrénée que de proposer :

– De ne pas rester arc-bouté sur à la question du candidat à la Présidentielle parce que notre choix va préfigurer l’enjeu et le sens que notre regroupement veut donner. Nous devons parvenir à un accord sur une procédure et un calendrier sans attendre. Le Réseau Féministe « Ruptures » a pris position : « Il est souhaitable que le ou la candidate ne soit pas issu-e d’un des partis de la gauche anti-libérale ». Cette prise de position s’entend non comme un principe, mais comme une des conditions de notre victoire. Elle s’avère être partagée par beaucoup de Comités, elle n’est pas une défiance envers les partis politiques dont le rôle est incontournable dans la démocratie. Elle exprime notre souci que la campagne ne soit pas subordonnée à l’un de ces partis, parce la société ressent très profondément combien les partis politiques ont cessé – de nos jours – d’incarner, à eux seuls, et tels qu’ils sont, les réponses à donner à la transformation sociale. Cette traduction d’une nouvelle articulation entre démocratie de représentation et démocratie directe, nous avons commencé à l’expérimenter. Poursuivons-là. Donnons-nous les moyens de trancher rapidement sur ce choix, car nous ne pouvons différer plus longtemps l’entrée en campagne.

– Désacralisons aussi le choix du candidat-e à la présidentielle, pour éviter de tomber dans le piège du présidentialisme de la 5ème République. J’avais proposé le 1er juillet que nous décidions en même temps des candidats à la Présidentielle et aux Législatives. Je souscris aujourd’hui à la position de Mars et la Gauche Républicaine qui proposent de subordonner les législatives à la présidentielle, que les comités locaux travailler localement aux candidatures en même temps que se poursuit le travail d’enrichissement du programme. J’y vois l’avantage de rendre visible plus collectivement la force politique nouvelle que nous voulons incarner qui rassemble toutes les composantes d’une gauche anti-libérale, écologique et féministe. Du même coup, cette phase légitimerait plus aisément le choix de notre candidat-e et la cohérence de notre position refusant le présidentialisme de la 5ème république au profit d’une 6ème République axée sur les pouvoirs au parlement.

Si ce point faisait consensus, alors ne nous privons pas de symbolique, présentons à la présidentielle un tandem : un homme/une femme ou une femme/un homme, même s’il faut une seule personne au final sur le bulletin. Nous n’avons rien à y perdre et tout à gagner à afficher la parité.

– Nous devons mettre en place sans attendre un groupe de porte-parole reflétant toutes les sensibilités, pour répondre à l’actualité, décentralisé et à la même image dans les régions.

– Enfin, nous ne pouvons différer plus longtemps et nous déclarer en campagne dès ce soir pour que l’élan du 29 Mai ne soit pas brisé ; en sachant que les élections en 2007-2008 ne seront que les étapes d’un processus et d’une construction nouvelle qui sera de longue durée. Cela suppose de ne pas nous gauser de mots et d’analyse, mais de traduire dans les faits et nos pratiques militantes quotidiennes notre démarche. C’est cela seul qui conditionne la confiance populaire.

Contacts : monique.dental@wanadoo.fr

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