Violences sexuelles : comment le site « Coabuse » permet aux victimes d’un même agresseur de se retrouver
Publié le 18 mars 2025 par Elle repris par l’Importante.fr 24 mars 2025
Grâce à un formulaire anonyme et confidentiel, le site Coabuse met en relation des victimes d’un même agresseur sexuel. En huit ans, 220 personnes ont pu prendre contact avec une autre victime et rompre ainsi l’isolement.
Mettre en relation des victimes d’un même agresseur sexuel. Telle est l’ambition du site Internet Coabuse. Créée en 2017 par Franck Favre, un webmaster bénévole, la plateforme unique en France permet à des victimes de violences sexuelles d’un même agresseur de se retrouver et de pouvoir dialoguer.
La démarche, gratuite, est simple et confidentielle. La victime remplit un questionnaire en ligne en précisant son âge au moment des faits, la commune du lieu de l’abus, la nature des abus, la date approximative, l’identité de l’abuseur, son adresse, sa description et son âge approximatif au moment des faits. Elle doit également renseigner si ce dernier est décédé. La démarche peut être anonyme, Franck Favre n’imposant qu’une seule condition : indiquer une adresse mail « en cas de match », comme il le précise sur son site. Le webmaster recueille ensuite les informations puis établit des concordances grâce aux noms, aux dates ou aux lieux, une étape qui peut prendre plusieurs semaines, prévient-il.
Et une fois le « match » établi ? Le bénévole annonce aux victimes concernées qu’elles ne sont plus seules et leur demande l’autorisation de les mettre en relation. Si elles acceptent, alors Franck Favre communique l’adresse mail de chacune et ce sont ensuite à elles de prendre contact ou non. En huit ans, 6 300 personnes ont rempli le formulaire en ligne et 220 ont « matché » et ont pu prendre contact avec au moins une autre victime. D’après les statistiques publiées sur Coabuse, 50 % des utilisateurs se déclarent victimes de viols et l’intégralité des départements français ont fait l’objet de signalements.
Retrouver une covictime de violences sexuelles permet de rompre l’isolement, mais aussi d’aboutir parfois à une condamnation de la justice – ou une indemnisation dans les cas de violences sexuelles au sein de l’Église par exemple. « Grâce à [Franck Favre] nous allons pouvoir nous unir dans une démarche auprès de notre diocèse et faire la vérité sur les actes de cet homme. Pour moi, c’est une libération et une reconnaissance énorme de savoir d’ores et déjà que je ne suis plus la seule », témoigne ainsi une utilisatrice sur Coabuse. Objectif rempli donc.