Déclaration de La Fondation des Femmes,soutenant la pétition appelant à la réhabilitation des femmes condamnées pour avortement

Déclaration de La Fondation des Femmes,soutenant la pétition appelant à la réhabilitation des femmes condamnées pour avortement

Avant 1975, en France, avorter constituait un crime. Pas de recours, pas de soutien, pas d’encadrement médical. Condamnées à la clandestinité, certaines femmes ayant avorté ont même été condamnées tout court à plusieurs mois de prison. Des femmes jugées, humiliées, sanctionnées pour avoir voulu disposer de leur corps ou aider celles qui en avaient besoin. Certaines ont payé des amendes, d’autres ont été emprisonnées, des drames qui ont parfois décimé des familles, comme ça a été le cas pour Jocelyne, qui a récemment témoigné dans le documentaire de l’INA “Il suffit d’écouter les femmes”. Aujourd’hui, nous connaissons mieux leur histoire, mais leur condamnation, elle, n’a jamais été effacée.

Il y a un an, en mars 2024, grâce à notre mobilisation collective, l’IVG a fait son entrée dans la Constitution. Après avoir affirmé que l’IVG est une liberté fondamentale des femmes, il était temps de réparer une injustice historique.

C’est le sens de la pétition que des associations féministes ont lancé à l’occasion des cinquante ans de la loi Veil, le 17 janvier dernier, après la tribune appelant à la réhabilitation des femmes condamnées pour avortement. Une initiative à la suite d’une tribune que nous avions publiée avec des personnalités engagées, des historiennes, et présidentes d’associations féministes comme Michelle Perrot, Annie Ernaux, Monique Dental, Christelle Taraud, Bibia Pavard, Julie Gayet, Anna Mouglalis … Le 20 mars, un pas historique a été franchi. La proposition de loi portée par Laurence Rossignol visant à reconnaitre le préjudice subi par les personnes condamnées pour avortement a été adoptée par le Sénat : une reconnaissance essentielle pour réparer une partie des souffrances et restaurer la dignité des femmes, ainsi qu’un geste politique fort pour changer la mémoire nationale et l’histoire.

Mais le combat ne s’arrête pas là. Car même aujourd’hui, le droit à l’IVG reste fragile.  Trop de femmes se heurtent encore à des obstacles bien réels : des délais trop longs, un manque de centres de soin accessibles ; des difficultés financières, des distances insurmontables ; des attaques financées et organisées. Nous savons ce qui se passe lorsque l’avortement est interdit :

  • 47 000 femmes meurent chaque année des suites d’un avortement clandestin selon l’OMS ;
  • Les interdictions ne font pas disparaître les avortements, elles les rendent juste dangereux et meurtriers contre ce droit, notamment sur les réseaux sociaux.

Aux États-Unis, la mortalité infantile a augmenté de 13% au Texas après la suppression de l’IVG*

*Etude parue en juin 2024 dans le Journal of the American Medical Association.

Contact courriel : contact@fondationdesfemmes.org

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