Sept mois de grève des femmes de chambre aux Hôtels de Pont de Suresnes
Sept mois de grève des femmes de chambre aux Hôtels Campanile et Première classe de Pont de Suresnes Bas salaires, cadences insoutenables, licenciements abusifs
La grève commencée le 19 août 2024 à Pont de Suresnes dure maintenant depuis 7 mois. 16 salarié.es des hôtels Campanile et Première classe du groupe Louvre hôtels font grève, avec plusieurs revendications :
- Une augmentation des salaires de base indexée sur l’inflation
- L’instauration d’une prime exceptionnelle de pouvoir d‘achat
- L’arrêt des pratiques de déstabilisation des salarié.es, avec des procédures disciplinaires infondées
- La réintégration d’une femme de chambre injustement licenciée.
Une femme de chambre malienne a été licenciée ; elle travaillait à l’hôtel depuis 2013. Elle a eu un problème à cause de la perte de son titre de séjour, encore en cours de validité. Elle a depuis lors obtenu une nouvelle carte de résidence et demande sa réintégration.
Parmi les salarié.es grévistes, 12 femmes et 4 hommes originaires du Mali, Sénégal, Congo, Mauritanie, Comores. La grève est menée par le syndicat CGT-HPE (Hôtels de prestige et économiques) et soutenue par l’UD-CGT du 92. La préfecture a interdit aux grévistes de manifester devant les hôtels et de faire du bruit. Mais ils et elles tiennent un piquet chaque jour et sont allés manifester à plusieurs reprises, à la mairie de Suresnes et devant le siège du groupe Louvre Hôtels à la Défense.
Le 8 mars au matin, Sophie Binet et le représentant de l’U. S. CGT du commerce de Paris sont venus rencontrer les grévistes, puis ils sont allés ensemble manifester avec les associations de femmes.
Plusieurs femmes travaillent aux hôtels de Pont de Suresnes depuis 2009 ou 2010. Un conflit avait eu lieu en mars-avril 2012. Les femmes de chambre (alors employées par un prestataire) avaient obtenu des contrats de 120 ou 130 heures mensuelles. En août 2013, elles avaient obtenu leur intégration dans le personnel du groupe Louvre hôtels.
En 2019, un nouveau conflit à Pont de Suresnes avait porté sur des problèmes de salaires et de conditions de travail. Les femmes de chambre avaient alors obtenu le passage à temps complet et le paiement d’heures supplémentaires. En mai et juin 2022, une autre grève d’un mois et demi avait touché six hôtels du groupe.
L’effectif actuel, de 18 femmes de chambre (au lieu de 28 il y a 4 ans), est très insuffisant, ce qui entraîne une charge de travail élevée et des heures supplémentaires, souvent non payées. Les salaires sont proches du Smic.
Depuis deux ans, plusieurs licenciements ont eu lieu et plusieurs femmes sont en arrêt de travail, pour raisons de santé ou de congé parental. Une nouvelle direction a mis en place des pratiques de harcèlement et des procédures disciplinaires infondées. Elle essaye de déstabiliser les anciennes femmes de chambre, dont les contrats sont meilleurs. (D’une part, la mensualisation est plus élevée et d’autre part, les jours de repos sont fixes, et il n’y a pas de modulation des horaires).
Les contrats des salariées récemment embauchées sont de 5 H 30 par jour, soit 27 H par semaine réparties sur 5 jours. Il y a en plus un nombre d’heures supplémentaires très variable et des horaires variants entre 6 heures et 21 heures. Les femmes doivent (en principe) attendre la fin de l’année pour pouvoir obtenir le paiement de leurs heures supplémentaires, lorsque celles-ci n’ont pas été compensées. Mais la direction leur impose de prendre des jours de repos (en leur disant de ne pas venir certains jours), plutôt que de leur payer les heures supplémentaires.
La direction a fait appel à une société d’intérim pour faire remplacer les grévistes et l‘inspecteur du travail ne s’est jamais déplacé.
Une négociation avec la direction a eu lieu en janvier 2025, mais celle-ci n’a proposé qu’un passage à temps complet pour quelques salariées et a refusé toutes les revendications sur les salaires. La NAO (négociation annuelle obligatoire) au niveau de l’ensemble du groupe n’a débouché cette année sur aucune proposition d’augmentation. Les grévistes demandent une augmentation de 50 centimes d’euro sur les salaires horaires.
La CGT-HPE a organisé une cagnotte en ligne et il est possible de venir sur place chaque jour les soutenir.
Paris, mercredi 19 mars 2025.
Odile Merckling, contact courriel : omerckling@yahoo.fr